"La joie est pareille à un fleuve : rien
n'arrête son cours." [Henry Miller]
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De Donaueschingen en Allemagne à Wien en Autriche, 8 Gaulois
sont allés vadrouiller le long du plus grand fleuve d’Europe Occidentale pour vérifier
qu’il était bien bleu. Chevauchant fièrement leurs bicyclettes à usage multiple
(porte-bagage, garde-manger, séchoir à linge), se nourrissant de saucisses
locales et fromages français et se désaltérant de bières en tout genres, ils
étaient source d’étonnement pour les Goths et autres Saxons rencontrés sur la
route. Christiane la prévoyante, Claire l’inébranlable, Emilie, François le
chatouilleux, Gérard l’aventurier, Jean-Pierre le téméraire, Manuela l’intrépide
et Michel le modeste formaient le noyau du groupe.
Rejoins sur le chemin par Anne-Sophie et John le temps d’un
week-end, ils ont réussi à parcourir le long sentier qui les attendait pour
découvrir la charmante Wien en compagnie
de Marie, Régis et Sarah.
Dimanche 17 Juillet
Vosges – Donaueschingen
Kms : 12.8
Temps de parcours : 50 min
Midi, Vosges. C’est sous un ciel couvert que chacun arrive
chez Jean-Pierre pour le grand départ. Les sacoches bien remplies, les jambes
prêtes à endurer de longs kilomètres et la tête impatiente de se vider un
peu ! Retrouvailles pour certains, découverte totale pour d’autres, le
groupe commence à se former dans la bonne humeur du pique-nique préparé. Les
vélos arrimés aux voitures, un dernier coup d’œil en arrière et nous voici
partis vers la source du Danube : Donaueschingen, en Allemagne.
Deux non-vosgiennes, Manuela et Claire, profitent du passage
par les Hautes-Vosges pour découvrir l’histoire et la beauté de ce coin perdu
de la France grâce à François qui s’improvise guide touristique. Après un
premier arrêt à Longemer pour contempler le lac sous un vent d’hiver, un second
près de Munster pour observer les cigognes alsaciennes, quelques tours et
détours dans Colmar et démarrages sur les chapeaux de roue, nous voici arrivés à
notre but, début de notre périple qui s’annonce : le Danube.
Une
excursion le soir à Donaueschingen nous permet de voir
la fontaine symbolisant la rencontre des deux rivières
d’où nait le fleuve : Donauquelle. Une photo souvenir
histoire de
marquer le coup, et nous voici préparant notre première
nuit sous le marabout,
au frais.
[Cliquer sur les photos pour les aggrandir]
Lundi 18 Juillet
Donaueschingen – Hausten
Kms : 70.8
Temps de parcours : 4h15
Le départ, le vrai, le bon, a sonné. Chacun s’affaire à
accrocher ses sacoches sur son vélo, se demandant pourquoi avoir pris tant de
choses à porter ! Le marabout est replié, les voitures garées devant le
camping pour 2 semaines, les crocs oubliées à l’intérieur. Et hop, on y va.
Boum
Aïe… trousse de secours déjà déballée pour soigner la tête
de Gérard qui a rencontré un pan de toit un peu bas. Bobo guéri, cette fois
c’est la bonne, à nous l’aventure !
Nous suivons tranquillement la piste cyclable, traversant
une première fois le Danube. « La
photo ! » crie JP. En arrière toute, nous voici tout souriants
sur le pont enjambant le mini fleuve. La tête ailleurs,
Manuela fonce tout droit dans un poteau en bois. Pas de mal, juste une petite
frayeur.
Une grosse averse durant l’après-midi nous permet de tester
l’efficacité de nos systèmes « anti-pluie » : k-Way haut et bas
et protèges chaussures pour certains, k-Way haut et sacs bleus à chaque pied
pour d’autres…
Première côtelette des vacances, c’est l’heure pour certains
d’apprendre à passer les vitesses pour
monter plus facilement. « Le chemin
devait être plat ! »
Le soleil caché jusqu’alors apparait le soir, éclairant les
falaises rocheuses qui nous entourent. Les premières bières allemandes nous
sont offertes, et un repos bien mérité fait suite à un repas gastronomique. Une
partie de Yams entre Emilie, JP, François, Michel et Claire se termine par la
victoire écrasante d’Emilie sur la famille V.
« Moi, je
préfère quand il fait frais, parce que sinon, quand t’as chaud, t’as chaud ! »
Claire (jusque là, aucune grande révélation!)
Mardi 19 Juillet
Hausten – Munderkingen
Kms : 85.8
Temps de parcours : 5h30
« Chocolat du
matin, journée qui va bien » Michel (ça s'est la version soft, je vous épargnerai l'autre!)
Les muscles encore endoloris de l’effort fait la veille,
nous repartons sous un soleil matinal qui peine à se montrer. Quelques ascensions
nous permettent de sortir du Danube-canyon et de retrouver un chemin plat.
Après 36000 mini-pauses demandées par JP qui cherchait désespérément du
fromage, nous abdiquons toute idée d’avaler les kilomètres le matin avec la
crevaison de Claire. Pique-nique au milieu des champs de blé et de maïs, sous
un soleil qui nous réchauffe. L’après-midi est seulement ponctuée d’une halte
rafraichissement et mini bataille d’eau au bord d’une jolie fontaine. La fin du
parcours nous réserve quelques raidillons où chacun met son orgueil de côté
pour les monter à pied, à l’exception de Manuela qui semble gravir les côtes
avec facilité.
C’est une « tentplazt » qui nous accueille le
soir, grand champ de gazon avec pour sanitaires un petit bungalow. Un repas gastronomique accompagné de Bordeaux
(rien ne vaut le vin de chez nous) nous console du déluge auquel nous avons droit. Le mauvais temps est
annoncé pour les trois semaines à venir… Qu’allons-nous faire ? On part en
Italie, au chaud ? Ou en Grèce ? Après quelques idées lancées nous
décidons de persévérer, les Français ne craignent pas la pluie !
« Si le matin il
pleut, cycliste malheureux » Michel
Mercredi 20 Juillet
Munderkingen – Riedheim
Kms : 70.8
Temps de parcours : 4h35
C’est sous la pluie que nous décampons marabout et mini tente
de Christiane et Gérard. Et c’est sous la pluie que nous allons pédaler toute la
journée. Véritable épreuve d’endurance pour chacun, et superbe occasion de
tester pour de bon l’efficacité de nos protections de pluie. Chacun a sa
méthode : JP et Claire jouent la carte du tout k-way et protection sur les
chaussures et emballage individuel dans les sacoches par des ziplocs ; Gérard
et Christiane sont aussi en tout k-way avec de surcroît des protections k-way à
mettre sur les sacoches ; Michel enkawayé lui aussi décide de pédaler avec
ses crocs pour éviter de mouiller ses chaussures ; François ne porte qu’une
veste de protection et estime que ses chaussures et sacoches ne prendront pas l’eau (grave erreur soit dit en passant);
enfin, Manuela et Emilie misent sur le « moins d’habits possible »
et ne portent qu’une veste de pluie en protection et les sacs bleus pour
protéger leurs chaussures, leurs affaires étant dans un grand sac poubelle dans
les sacoches. À la fin de la journée, tout le monde a pu constater que la méthode sacs bleus était la plus
efficace pour les chaussures.
La
visite de Ulm le midi se limite à la cathédrale pour
cause de pluie diluvienne et à une boulangerie-salon de
thé pour déjeuner au chaud et au sec.
L’arrivée tant attendue au camping coïncide avec la fin de
la pluie. Les douches chaudes et illimitées sont très appréciées ainsi que la
ferme pédagogique jouxtant le camping. Lapins, moutons, chèvres, chevaux, vaches
et bœufs, tyrolienne, fil et toboggan font le bonheur des grands enfants que
nous sommes. Christiane et Gérard décident de tester la nuit sous le marabout.
« On a failli
voir un bout de ciel bleu » François (failli...................)
Jeudi 21 Juillet
Riedheim – Marxheim
Kms : 92
Temps de parcours : 5h23
Le soleil matinal salue notre départ. Après une pause changement de potence pour mon vélo et petites
réparations diverses, nous déjeunons à Dillingen sur la place de la basilique.
Ou plutôt des deux basiliques. « Y’en
a des bondieuseries ici ! » nous lance un français rencontré l’avant-veille.
Sourires en coin de chacun, réponse soft de François « hum, des églises vous voulez dire... oui oui».
Le cycliste, comme nous d’ailleurs, va visiter les bondieuseries
baroques ressemblant à des meringues géantes à
l'intérieur.
Le soir, notre chef cuisinier nous concocte des spaghettis
bolognaises dignent de faire rougir un italien que nous savourons sous un kiosque
en pierres.
Vendredi 22 Juillet
Marxheim – Neustadt
Kms : 78.7
Temps de parcours : 5h10
Nous avons de nouveau la chance de partir sous un temps
couvert mais non pluvieux. Après des passages sur des chemins forestiers
gadoueux, nous pique-niquons à Ingolstadt et arrivons à destination après la
traversée d’un troupeau de moutons. Enfin, je ne sais si c’est nous qui avons
traversé les moutons ou si c’est les moutons qui nous ont traversé, en tout cas
il y en avait suffisamment pour donner une nuit de travail à un insomniaque.
Jean-Pierre gagne au yams en attendant l’arrivée d’Anne-Sophie
et John.
Samedi 23 Juillet
Neustadt – Straubing
Kms : 108
Temps de parcours : 6h
Nous profitons outrageusement de la venue d’Anne-So et John
pour décharger nos bagages dans leur voiture. Nous fonçons donc sur les chemins
plats et retrouvons nos compagnons à Regensburg (ou Ratisbonne) pour un
pique-nique mémorable sur les marches de la Cathédrale. Pains bagnats de 200g
chacuns et garnitures en tout genre nous donnent l’énergie nécessaire pour une
aussi longue étape.
Nous visitons cette ville, qui était une ville romaine et
ancienne capitale de la Bavière ainsi que sa cathédrale très sombre.
Le soir, soupe aux petits légumes et curry et poulet sur le barbecue
sont au menu.
« C’est pas
étonnant que les gens ne comprennent pas quand on dit camping, il faut dire straubing »
Jean-Pierre qui n’a pas compris que le mot sous la pancarte indiquant le
camping correspondait étrangement au nom de la ville où se situait ledit
camping !
« Plus le Danube est large, moins il y a de ponts » Emilie
« Il est beaucoup large » Anne-Sophie en parlant du Danube (toi y'en a bien parler la France)
« Dieu écrit
droit avec des lignes courbes » Jean-Pierre
« T’as qu’à crever en douceur » François à Claire, en parlant du pneu !
Dimanche 24 Juillet
Straubing – Passau (à ne pas confondre avec Passoa)
Kms : 104.6
Temps de parcours : 6h15
De nouveau légers grâce à nos deux messins, nous
décidons d’atteindre la frontière autrichienne
le soir même. La fin de journée froide et pluvieuse est
fatigante pour chacun,
cyclistes comme conducteurs. Gérard aide Christiane en la
poussant légèrement. Christiane qui exceptionnellement se
met au
coca.
Après
l’arrivée de tout le monde au
camping marécageux, la messe dans une mini chapelle
découverte par Jean-Pierre nous permet un
temps de pause.
Lundi 25 Juillet
Passau – Ottensheim
Kms : 88
Temps de parcours : 4h
Le départ annoncé d’Anne-So et John nous fait récupérer tout
notre attirail. Nous visitons ensemble Passau le matin et déjeunons avec
eux sur le bord du Danube, entourés de charmantes guêpes.
Hormis un passage semi-montagneux, le parcours est très plat
et bien roulant. Nous campons à côté d’un bar-restaurant, tranquilles vu que
seuls campeurs. Des petites voitures à pédales font l’amusement des filles. On n’est
jamais fatigué quand il s’agit de s’amuser !
Mardi 26 Juillet
Ottensheim – Willersbach
Kms : 92.6
Temps de parcours : inconnu
Pour
la première fois depuis le début du périple, et
malgré
des réveils aux aurores, nous partons à 8h tapante !
Nous passons par
Linz, ville autrichienne qui ne présente pas trop
d’intérêt hormis des bordures de trottoir glissantes
qui font chuter Michel, et visitons le camp
de Mauthausen en fin de matinée. Visite de 2 heures, très
prenante et bouleversante
pour chacun.
L’après-midi, le groupe s’étiole le long de la rive du
Danube. Nous campons le soir dans un camping associé de nouveau à un bar au bord du fleuve. Un
coucher de soleil rougeoyant sur le Danube nous promet une belle journée pour
le lendemain.
Mercredi 27
Juillet
Willersbach
– Krems
Kms :
77.8
Temps de parcours
incertain
Nous passons quelques heures à visiter l’abbaye baroque de
Melk. Nous allons faire nos courses au spar tout proche et certains passent
sous la barrière qui s’était levée automatiquement.
Boum
Trousse de secours rapidement sortie pour aller soigner Gérard qui vient de se faire assommer par la barrière et
massage de Manuela pour détendre son cou endolori. Finalement, seule la barrière
restera à terre !
L’après-midi se déroule dans les semi-montagnes de la
Wachau, splendide région présentant des petits villages typiques et colorés au
milieu des vignes et des champs d’abricotiers.
« J’ai mon Mont » Michel (la révélation!)
« Mets de la crème dans tes cheveux Emilie sinon tu vas devenir brune » Michel
Grand camping et ratatouille au menu. Conversation sur la maladie d’Alzheimer et les probabilités pour chacun de l’avoir. Les mathématiciens et les hommes présentent le plus de facteurs de risques, Michel se rassure : « Moi je suis ni l’un ni l’autre » (la révélation bis !!!)
Fou rire général !
Jeudi 28 Juillet
Krems – Klosterneuburg (à 10 kms de Wien)
Kms : 71
Temps de parcours incertain
En route pour notre dernière étape, nous pédalons avec
entrain et pique-niquons de nouveau sur le parking d’un supermarché. Après une sieste
bien méritée, nous repartons avaler les derniers kilomètres,
heureux d’avoir réussi le parcours !
« On n’a jamais été aussi près de l’arrivée » Michel (dit au moins 300 fois durant le périple)
Arrivés au camping, nous montons le marabout en un temps
record sous la pluie qui commence à tomber. François confond les WC chimiques
avec les normaux, « je pensais que
c’était pour les obèses » retorque-t-il, « je me disais que ça ne devait quand même pas être très confortable ».
Nous accueillons Sarah, Régis et Marie qui nous rejoignent
avec les voitures après une journée de route.
« On est fin
bien » François, avec l’accent !
Vendredi 29 Juillet
Wien
Visite de Wien, sa cathédrale, ses églises : St Pierre
(baroque), St Michel (gothique), le Parlement, la Rathaus (mairie), … Nous
siestons dans un grand parc fleuri et déambulons dans les rues l’après-midi.
Le soir, c’est habillés le mieux possible que nous assistons
à un concert de musique classique (Mozart et Strauss) au balcon d’une salle
baroque.
Samedi 30 Juillet
Wien – Vosges
Retour tranquille de tout le monde. Passage par Strasbourg
pour une pause crêpes chez la sœur d’Emilie.
Dimanche 31 juillet
Vosges
En théorie, les vacances sont finies, mais certains se
retrouvent pour aller marcher dans les Hautes-Vosges (JP, Manuela, Gérard et
Christiane) et faire de l’escalade. D’autres font une après-midi tarot et gaufres à Vittel.
«
« tu me pèles la cerise » : expression vosgienne permettant d'exprimer à une tierce personne qu'elle nous agace.
« pousse aussi fort que t'es bête » : à ne pas utiliser avec n'importe qui !