" Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est le difficile qui est chemin"   [Sören Kierkegaard]

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"La marche est un dépouillement de jour en jour"

Loin du tournis quotidien, les pieds imposent leur propre rythme, lent et souple pour avancer jusqu’à la prochaine halte. On ressent tout en marchant, les sens aux aguets. Rien que par le toucher des pieds sur le sol on peut deviner ce qui nous entoure : l’humus doux et moelleux des pâturages, la terre souple ponctuée de racines des forêts, les cailloux des descentes et montées escarpées du Massif central ou du Quercy, les graviers des chemins de champ… On apprend à écouter notre corps, non plus à le subir mais à se mettre en harmonie avec les signaux qu’il envoie.

La marche est un dépouillement, peut être physique ou matériel pour certains, mais pour être complet, ce dépouillement doit aussi être dans l’esprit et le cœur. Seul sur le chemin, l’esprit vagabonde de pierre en pierre et d’arbre en arbre, les yeux se réjouissent des prairies verdoyantes et papillons qui batifolent tandis que le cœur s’emplit d’une profonde et apaisante solitude. Ainsi, on est à même de s’ouvrir pleinement au monde qui nous entoure, d’en savourer chaque délice. Paradoxalement, c’est quand on fait le vide, quand on ne pense plus à rien qu’on retrouve l’essentiel, qu’on retrouve le grain de sel qui assaisonne délicatement notre vie et la rend si unique.

Mais on ne peut éternellement être sur le chemin, alors il faut réussir à trouver l’équilibre dans le quotidien qui permettra de retrouver ces moments essentiels de paix en soi-même et, ainsi, continuer de cheminer.