" En Provence, le soleil se lève deux fois, le matin et après la sieste. " [Yvan Audouard]
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Partie affronter le soleil du sud, une compagnie de vosgiens sillonna les routes de Provence et du Languedoc en ce mois de juillet 2012. Emmenée par François, la compagnie comptait dans ses rangs Anne-Sophie, John, Etienne et Emilie. Des troupes fraîches vinrent en renfort par la suite, à savoir Sarah et Régis le temps d'un we et Michel jusqu'à la fin de la mission.
Nos courageux soldats durent affronter à tour de rôle la chaleur étouffante, les campings interminables, les moustiques assoiffés, ... Heureusement, notre compagnie ingénieuse s'approvisionna en eau dans des lieux insolites et profita de quelques melons trouvés au bord du chemin pour apaiser sa faim. Après 600 kms de patrouille, les trois soldats survivants revinrent à leur base et rentrèrent dans l'ouest vosgien faire un rapport de ce qu'ils avaient vu. Qu'on se le dise, la compagnie bien que perdue par moments réussi sa mission!
Dimanche 8 Juillet
Vosges – Nîmes
17h, j'arrive alors que chacun s'affaire à mettre les vélos sur la voiture. Nous partons à 3 vers Nîmes mais Gérard et Christiane viennent assister au départ de l'expédition. Une descente sans encombre avec une pause dans une aire près de Vienne et nous campons notre tente à Nîmes à minuit, silencieusement.
Nîmes
Kms : 20
François, Etienne et moi profitons de la journée pour visiter Nîmes. Le trajet à vélo est quelque peu épique avec des voitures peu habituées aux cyclistes.
Les arènes nous transportent 2000 ans plus tôt. Les trompettes sonnent, les fauves feulent et les gladiateurs sont prêts pour les combats. Le rétiaire tente de prendre le mirmillon dans son filet. Raté pour cette fois. Théâtre sanglant, théâtre de compétition où les gladiateurs n'ont qu'un objectif : entrer dans l'Histoire...
Le
soleil cogne en ce début d'après-midi. Nous avons
quitté la fraîcheur des arènes pour monter à
la tour Magne. Le panorama superbe sur la ville et la région
alentour vaut bien une montée angoissante pour François!
Après un passage à la maison carrée, nous
vadrouillons dans Nîmes, profitant de l'ombre de ses ruelles et
de ses glaces onctueuses.
La
nuit est déjà tombée lorsqu'Anne-Sophie et John
nous rejoignent au camping. La compagnie est au complet, prête
pour le départ.
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Mardi 10 Juillet
Nîmes – Brissac
Kms : 85
Temps de parcours : 6h
Le
matin du départ est toujours le moment propice pour se
décharger de quelques affaires jugées inutiles. Le soleil
annoncé pour la semaine et les 24° au réveil nous
font abandonner vêtements de pluie et polaires sur place. Cette
année, le soleil est au rendez-vous!
François nous conduit tant bien que mal jusqu'à un chemin détourné à la sortie de Nîmes. Des côtelettes caillouteuses nous mettent en jambes. Nous retrouvons la route après quelques kilomètres laborieux et nous roulons en direction du Pic St Loup. Midi arrive déjà et nous déjeunons à l'ombre des bâtisses en pierre pour nous protéger tant bien que mal de la chaleur étouffante.
Nous contournons le Pic St Loup pour rejoindre les gorges de l'Hérault. Le relief est accidenté, le soleil tape, l'eau s'épuise vite. Dans un petit village perdu, nous demandons de l'eau dans ce qu'on pense être un restaurant. La porte s'ouvre sur des animaux de tous genres. Un taxidermiste nous accueille, souriant. Nous poursuivons notre route, empruntant un sens interdit d'une quinzaine de kilomètres pour arriver au bord de l'Hérault. Le camping est juste en face. Ah, non, a priori ce n'est pas celui-là. Nous roulons donc encore pour arriver dans le village... où nous apprenons que le camping était bien celui que nous avions vu, en bas! Retour sur nos pas, enfin nous allons nous rafraîchir dans l'Hérault.
Mercredi 11 Juillet
Brissac – Gignac
Kms : 35
Temps de parcours : 2h15
Nous essayons de partir "tôt" pour moins souffrir de la chaleur. 10h, nous partons, poussant nos vélos pour monter un raidillon à la sortie du camping. François veut le monter à vélo et appuie sur les pédales de toutes ses forces. PAF. La chaîne n'a pas résisté. Les garçons s'affairent à réparer tandis qu'Anne-So et moi les soutenons moralement. Une demi-heure plus tard, nous partons. Le départ matinal est raté! La route est ombragée et les kilomètres de montée du matin se font bien. Nous arrivons à St Guilhem-le-désert avant midi. Nous abandonnons vélos et sacoches dans un coin pour déambuler dans le village. Des échoppes d'artisans et d'artistes en tous genres attirent les touristes, les maisons en pierres, les rosiers sur les façades et les petites rues donnent du charme à ce village. Nous visitons l'abbaye le temps que nos sandwichs se préparent et déjeunons dans une ruelle à l'écart du flot de touristes.
Nous quittons St Guilhem alors que les cars affluent en grand nombre pour rejoindre les grottes de la Clamouse. Nous nous enfonçons sous terre et passons par le même temps de 34 à 15°C. Les stalactites, stalagmites et aragonites fleurissent de partout. L'atmosphère calme, hors du temps de la grotte est passionnante.
De
retour à la lumière une bonne heure plus tard, nous
rejoignons le camping à bonne allure. Après une baignade
dans l'Hérault pour ceux qui ne craignent pas l'eau froide, nous
dînons des croque-monsieur. Eh oui, camping ne rime pas avec
inconfort, il suffit d'un peu d'imagination pour cuisiner ce qu'on veut!
Jeudi 12 Juillet
Gignac – Sète-Marseillan
Kms : 70
Temps de parcours : 4h30
Nous quittons l'Hérault pour rejoindre la côte par une petite route fréquentée par de nombreux cyclistes. Nous avons une vue magnifique sur les Cévennes. Nous traversons Sète tant bien que mal, cherchant la corniche et la mer. Les kilomètres séparant Sète au camping paraissent interminables. A 30 mètres de nous, la Méditerranée resplendit sous le soleil. Véritable supplice de Tantale que de ne pouvoir y plonger sous le soleil de l'après-midi. Enfin une petite entrée nous mène au camping. 1.7 km plus loin nous trouvons la réceptionniste qui nous annonce gentiment que nous campons à l'extrême opposé, soit là où nous étions arrivés. Nous campons notre tente dans le sable au milieu des bungalows, discutant avec la voisine pour mettre notre bouteille de rosé au frais!
Bien
décidés, nous allons à la plage, peu soucieux des
alertes des campeurs concernant la fraîcheur de l'eau (16°C
tout de même!). Délicieux plongeon dans l'eau
salée, le corps se refroidit doucement, les muscles se
détendent. Puis, petite séance d'apprentissage du
cerf-volant pour John et moi sous les conseils avisés de professeur François. Le soir, les bonnes odeurs de notre
ratatouille au
chorizo envahissent le campement, bien accompagnée de notre
rosé tout frais!
Vendredi 13 Juillet
Marseillan-Sète – Lattes
Kms : 58
Grands cyclistes que nous sommes, nous empruntons la route du tour de France une journée avant son passage. Nous faisons une pause plage à Frontignan en fin de matinée puis pédalons tranquillement jusque Lattes en passant par le petit village de Vic la Gardiole. Un petit saut à la piscine, quelques jeux, un peu de détente puis nous préparons un repas de rois pour accueillir comme il se doit Sarah, Régis et Michel qui sont sur la route pour nous rejoindre. Nos amis subissent les bouchons et nous les attendons patiemment en faisant cuire le poisson.
Ils arrivent et nous dînons. Au dessert, Sarah occupe Anne-Sophie le temps de mettre toutes les bougies sur le gâteau. Un joyeux anniversaire et les bougies soufflées avec un peu de mal (il faut dire que ça fait beaucoup 27!) et la soirée se termine.
Samedi 14 Juillet
Lattes – Aigues-Mortes
Kms : 61
Michel rejoint le groupe de cyclistes, commençant doucement puisque nous laissons nos bagages à Sarah et Régis qui partent visiter et voir la mer de leur côté. Nous partons visiter Montpellier rapidement puis rejoignons la côte pour passer à la Grande Motte. Les zones ultra-touristiques ne sont pas la tasse de thé de tout le monde. Nous continuons vers le Grau du Roi puis Aigues Mortes. La cité aux remparts, départ de la première croisade est austère vue de loin. Nous déambulons un peu puis rejoignons le camping à la ferme à quelques kilomètres de là. Ayant retrouvé Sarah et Régis, nous partons tous dans une manade pour faire du cheval, les moins courageux y allant en voiture.
Anne-Sophie, John et Etienne prennent une heure de cheval. Sarah, François et moi partons pour deux heures. Michel et Régis décident de visiter les alentours et les caves...
Sarah a fière allure sur Lancelot, petit cheval camarguais. François a droit à Patapouf, un cheval docile, pas compliqué et moi je monte Domaine, camarguais un peu têtu quand il s'agit d'avancer. Il faut l'avouer, les caractères de nos montures ressemblaient quelque peu à celui de leur cavalier! François ne tente pas la partie au galop, pas très rassuré tout de même! Sarah et moi y allons, mais Domaine avance moins vite que les autres et j'ai du mal à le lancer. Nous sommes au sein même de la manade, sorte de ferme où on élève chevaux, vaches et taureaux camarguais. La végétation est parsemée de marais que nous traversons, nous passons dans les enclos des taureaux qui paissent tranquillement plus loin.
Le soir, nous profitons du barbecue du camping et retournons à Aigues-Mortes voir les feux d'artifices tirés près des remparts. Nous dégustons de bonnes glaces offertes par Anne-So avant de rentrer.
Dimanche 15 Juillet
Aigues-Mortes – Pont de Lunel
Kms : 38
Le
dimanche sonne le départ pour Sarah, Régis, Anne-So, John
et Etienne. Nous passons la matinée à Aigues-Mortes puis
allons déjeuner au Grau du Roi. Certains vont faire du shopping
tandis que d'autres profitent de l'eau pour essayer de se couler.
Régis est imbattable malgré nos efforts conjugués.
Le cerf-volant vole haut grâce au vent fort le jour-là, et
j'essaye de lui faire faire des pirouettes, sans grand succès
malheureusement.
Puis,
nous nous séparons, laissant ceux qui doivent rentrer repartir
et seul Michel, François et moi continuons le périple.
Nous repartons vers l'intérieur des terres en passant par la
Tour Carbonière puis St Laurent d'Aigouze.
Lundi 16 Juillet
Pont de Lunel – St Gilles
Kms : 42
A trois nous prenons le départ plus tôt, la chaleur étant toujours au rendez-vous. Nous sillonnons les petites routes camarguaises, passant dans des villages un peu hors des sentiers battus et qui nous permettent de découvrir réellement la région : Aimargues, Le Cailar. Nous déjeunons au Pont de Gallician, ayant au préalable trouvé des melons dans un champ et acheté vin et pêches fraîches. La petite étape nous permet de prendre notre temps, de discuter avec les gens, s'arrêter boire un verre sur la place d'un village, ...
Nous
arrivons dans l'après-midi à St Gilles, où nous
sautons rapidement dans la piscine du camping. Seuls à se
baigner, nous en profitons allègrement! Puis le soir nous allons
visiter l'abbatiale romane ainsi que le vieux village. Le coeur de
bourg est hétéroclite... nous avons traversé la
méditerranée et l'ambiance est celle d'un village
maghrébin. Agréable surprise que ce bourg, lieu de
passage d'un des chemins de St Jacques.
Mardi 17 Juillet
St Gilles – Fontvieille
Kms : 39
Temps de parcours : 2h50
Nous
quittons St Gilles, laissant la Camargue derrière nous pour
visiter Arles le midi. Nous déjeunons au bord du Rhône,
dont la belle Loire n'a rien à envier. L'après-midi nous
visitions l'abbaye de Montmajour, en partie détruite. Un aqueduc
romain et le moulin de Daudet sont sur la route qui nous mène
à Fontvieille. Nous n'avançons pas bien vite, le mistral
souffle très fort de face.
Mercredi 18
Juillet
Fontvieille – St Rémy de Provence
Kms : 22
De
bon matin nous montons aux Baux de Provence. La côte est raide
mais la fraîcheur la rend supportable. Nous passons quelques
heures aux Baux, visitant le village mais aussi le château. Les
catapultes et trébuchets sont prêts à défendre
l'ancien fort. François se prend pour un preux chevalier, mais
en montant en haut des tours il est un peu moins fier... oups, le vide!
Nous enfourchons nos vélos à l'heure la plus chaude de la journée pour rejoindre St Rémy-de-Provence. Une belle descente puis une belle montée sous le lourd soleil et enfin une nouvelle grande descente. On s'arrête à Glanum boire un verre en regardant les vestiges romains puis nous rejoignons le seul camping libre de St Rémy où le propriétaire nous apprend qu'une route menait directement des Baux à St Rémy et qu'elle était plate... Oups.
Pour nous consoler, nous faisons un repas de fête avec entrées, vin, et pâtisseries!
Jeudi 19 Juillet
St Rémy de Provence – Avignon
Kms : 52
Le propriétaire du camping nous indique une belle route peu fréquentée et plate à prendre jusqu'à la petite chapelle St Gabriel perdue à la frontière avec la garrigue. La Provence est désertique, le mistral assèche les terres et la végétation. Nous faisons route vers Avignon où nous campons dans un camping blindé. Nous filons rapidement en ville, voir le pont, à défaut de danser dessus et visiter le Palais des Papes. Immense bâtisse, reflet du pouvoir des prélats du Moyen-Âge.
En
plein festival d'Avignon, nous dînons sur une place où une
quinzaine de troupes passent faire la promotion de leur spectacle. La
ville grouille de monde, les murs, lampadaires et poteaux sont
décorés d'affiches, les spectacles de rue divertissent
les passants.
Vendredi 20 Juillet
Avignon – Uzès
Kms : 47
Nous
laissons le pont d'Avignon pour déjeuner au pont du Gard et nous
baigner dans le Gardon. Nous rejoignons Uzès dans
l'après-midi où nous trouvons un petit camping
très sympa.
Samedi 21 Juillet
Uzès – Nîmes
Kms : 33
Temps de parcours : 2h
Souhaitant visiter Uzès, nous nous joignons à la foule du marché. Mauvaise idée avec nos vélos chargés qui prennent autant de place qu'une mule! Sortis de la foule, nous bouclons notre périple en cheminant vers Nîmes. Cette fois, le mistral est en notre faveur et nous atteignons les 25 kms/h sans forcer. Une dernière grande montée et nous descendons vers Nîmes.
Nous déambulons dans Nîmes l'après-midi, faisant le tour des différents lieux de culte (cathédrale, temple protestant et église orthodoxe). Nous goûtons des glaces chez Courtois (place du Marché), là où nous en avions mangé quinze jours plus tôt, une éternité. Le soir, des steaks de taureaux camarguais ravissent nos papilles!
On commence à charger la voiture. 6 vélos à installer, François et Michel prennent le pari fou d'en mettre 4 dans la voiture pour ne rien mettre sur le toit. Je suis dubitative, il ne reste plus beaucoup de place quand les vélos sont installés. On verra demain si tout rentre!
Nîmes – Vosges
Michel et François rangent, plient et optimisent l'espace dans la voiture pour me donner tort. J'avoue qu'ils ont réussi à tout mettre, même s'ils ne reconnaitront jamais qu'il ne restait vraiment plus de place. François commence à conduire. Un arrêt tous les 100kms... on n'est pas rentrés! Nous déjeunons sur une aire avec un gros ragondin qui vient manger ce que nous lui lançons.
Nous faisons un arrêt
à Tournus pour visiter l'église et l'ancienne abbaye. De
l'art roman, bien conservé comme si souvent en
Saône-et-Loire. Enfin, nous arrivons dans les Vosges où
notre compagnie se sépare sous le soleil que nous avons ramené du Sud.