"Les raccourcis font de longs délais"   [J.R.R Tolkien]

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En cette année 2014, 7 vosgiens de tous âges et un breton partent découvrir les berges ombragées, et parfois accidentées, du Canal du Midi. Du 13 au 27 juillet, d’Agde à Toulouse puis revenant par le pays cathare ils parcoururent plus de 700 kms sur des sentiers parfois inattendus.
Avec la participation de : Anne-Sophie, Christiane, Emilie, François, Gérard, John, Michel, Victor et… Moustache le vélo électrique!


Dimanche 13 Juillet

Vosges – Agde
Tôt ce dimanche matin, notre premier défi consiste à mettre 6 vélos sur la galerie fabriquée par François. Lorsque le chargement est fait, il est impossible de deviner le nombre de vélos. François, tout fier de son installation, décide de déposer un brevet dès le retour. En attendant, nous roulons, dépassant rarement les 100 kms/h sur autoroute et dans les descentes !
Victor arrivant directement à Agde, nous pique-niquons entre vosgiens. Anne-Sophie nous a concocté une merveilleuse salade de pommes de terre mais a oublié la vinaigrette. Pas de problème, François a la solution et sort fièrement une petite bouteille d’huile d’olive.
« Comment ça se fait que ça mousse ? » question pertinente de François qui mélange huile et salade car de belles petites bulles apparaissent sur les pommes de terre. Il semblerait que l’huile d’olive soit en fait du produit vaisselle. Pas de chance, nous décidons de ne pas manger la salade pourtant bien lavée au produit vaisselle !
Après de longues heures de route, nous arrivons à un énième péage pour prendre un ticket. François appuie sur le bouton mais rien ne sort. Il appuie sur le bouton d’appel à l’assistance. Un jeune homme sympathique lui demande ce qui ne va pas « A pas ticket ! » réponse claire, explicite et quelque peu primate de François !
Arrivés à Agde, nous récupérons Victor qui nous attendait patiemment à la gare. Puis, nous partons à la plage de Marseillan. L’eau très froide de la mer n’a pas « refroidi » Emilie, Victor et François pour la baignade ! Michel n’y va qu’à moitié. Les nuages noirs arrivant, nous nous dépêchons de rentrer et montons rapidement le marabout sur un sol caillouteux et sous la pluie qui arrive.
Nous dînons au champagne pour fêter l’anniversaire d’Anne-Sophie et regardons un bout de la final de coupe du monde sur le téléphone.


Lundi 14 Juillet

Agde – Capestang

Kms : 55

Temps de parcours : 4h

Le challenge de chaque début de périple consiste à faire entrer toutes nos affaires dans nos sacoches et avoir le courage de prendre une partie du matériel commun au groupe. Et c’est ainsi que les sacoches bien remplies, tapis de sol et arceau de la tente sur le porte-bagage, nous rejoignons le canal à l’écluse ronde d’Agde.
Nous suivons le chemin de halage qui n’a pas beaucoup évolué depuis le XVIIème siècle : très étroit et tout au bord de l’eau ce qui n’est pas rassurant pour les moins casse-cou d’entre nous. Arrivés à l’ouvrage du Libon où la rivière peut passer sur le canal en cas de crue, nous portons vélos et bagages pour passer les barrières.
Nous déjeunons à Villeneuve-les-Béziers puis visitons la cathédrale de Béziers. Nous sommes trois à monter tout en haut du clocher pour admirer la vue imprenable sur la ville. Gérard et moi faisons le tour du clocher tandis que François reste prudemment dans l’escalier. Nous voyons l’Orbe onduler dans Béziers et apercevons au loin la ligne d’arbres qui marque le canal. La cathédrale a des allures de château-fort, nous nous apercevrons bientôt que c’est courant dans la région.
Nous quittons Béziers par le pont-canal qui enjambe l’Orb et montons à vélo les 9 écluses. Le chemin de nouveau étroit et cabossé est fatal pour le porte-bagage de Victor et c’est après une réparation de fortune que nous approchons du tunnel du Malpas. Le canal continue droit devant passant sous le tunnel. Nous autres à vélos sommes trop chargés pour passer entre le canal et les parois du tunnel, nous prenons donc la route pour rejoindre Capestang. En ce soir de fête nationale, nous assistons aux feux d’artifices tirés au bord du canal. 

Ouvrage du Libon            Béziers
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Mardi 15 Juillet

Capestang – Trèbes

Kms : 65

Temps de parcours : longtemps

Nous quittons Capestang par la route, pour éviter le chemin cabossé et couper au court. Une petite pause près d’une exploitation de pêches permet un ravitaillement (trop) important en fruits. Nous retrouvons le bord du canal et déjeunons à Homps. Nous avons la lumineuse idée d’avoir acheté un camembert qui est stocké l’après-midi dans mes sacoches. De quoi avoir un parfum naturel et persistant de fromage !
L’après-midi, nous préférons affronter le soleil sur la route plutôt que le bord du canal décidément peu praticable avec nos VTC chargés. Nous cuisons littéralement au soleil et profitons de chaque fontaine pour nous asperger d’eau. Arrivés à Trèbes, nous sautons dans la piscine puis préparons une paëlla qui malgré les doutes de nos voisins de tente s’avéra délicieuse !
Nous terminons la soirée par le premier tarot des vacances pour apprendre le jeu à Victor. François perd deux gardes ce qui fait de lui le bon dernier.

Pont canal

Mercredi 16 Juillet

Trèbes – Carcassonne – Castelnaudary 

Kms : 61

Temps de parcours : 4h30

Un chemin ombragé nous conduit jusque la cité de Carcassonne que nous visitons. Nous déjeunons au bord d’une écluse avant de continuer notre chemin le long du canal. Le chemin est en terre, il faut éviter les racines ou cailloux imprévisibles mais nous sommes sous l’ombre protectrice des platanes (appréciable quand il fait 36°C). Anne-Sophie sème un arceau de la tente, son chargement n’étant pas bien arrimé.
Nous arrivons à Castelnaudary où nous goûtons la spécialité locale, à savoir le cassoulet. Les mécaniciens réparent les vélos qui ont bien soufferts ces premiers jours. Nous dormons à la belle étoile.

« On a un sentiment de sécurité » François dans la moustiquaire.


Carcassonne           

Jeudi 17 Juillet

Castelnaudary – Toulouse 

Kms : 70 + 17 le soir

Temps de parcours : 4h30

Nous nous levons aux aurores pour éviter la chaleur. Le vent favorable (exceptionnellement de dos) et la fraicheur matinale nous donnent des ailes et nous arrivons rapidement au point culminant du canal : le seuil de Naurouze. Nous redescendons donc vers Toulouse. Moustache décide de faire des siennes et l’assistance électrique ne fonctionne plus que par intermittence. Christiane fait 40 kms sans aide avant que la solution au problème ne soit trouvée. Moustache de nouveau performant, nous décidons de pousser plus loin que prévu initialement et allons directement au camping en banlieue ouest de Toulouse (à l’extrême opposée du canal).
Nous déjeunons au camping, proche d’Airbus et de l’aéroport. Nous observons les avions à l’ombre des arbres l’après-midi. En fin de journée nous partons visiter la ville rose. Rouler en ville n’est pas une partie de plaisir pour tout le monde mais nous arrivons entiers au pied de la cathédrale romane St Etienne. Ses 5 travées et ses pierres roses font d’elle la plus grande église romane encore debout d’Europe occidentale et par ailleurs très belle. Nous passons sur la place du Capitole avant de prendre l’apéro assis dans l’herbe d’un square. Nous rejoignons le camping après une pizzeria et un retour nocturne très agréable.

Cathédrale de Toulouse

Vendredi 18 Juillet

Toulouse – Auterive

Kms : 45

Temps de parcours : 3h

Nous quittons la ville rose aux aurores. Avec Toulouse se termine le canal et commence la partie la plus accidentée du parcours : le pays cathare et les contreforts des Pyrénées. Nous suivons la Garonne mais la route, contrairement au fleuve, n’est pas plate. Après une pause dans une boulangerie, nous continuons sur une petite route agréable malgré un vent de face très violent. John est victime de la première crevaison du périple.
Nous arrivons à Auterive peu avant midi et déjeunons au bord d’une fontaine où quelques poissons tournent en rond. John décide de les divertir avec sa canne à pêche et en attrape un.
Le prochain camping étant à 30 kms, nous décidons de rester où nous sommes et campons dans un petit camping au bord de l’Ariège. Les plus téméraires (toujours les mêmes) vont se baigner dans la rivière bien fraiche. Le soir nous visitons la petite ville et dînons des croques-monsieurs.

Auterive

Samedi 19 Juillet

Auterive – Foix

Kms : 55

Temps de parcours : 3h30

C’est par un fort vent de face et un ciel lourd que nous roulons toute la matinée. Les kilomètres nous séparant de Pamier sont longs et difficiles. Le vélo de Victor fait encore des siennes et une réparation de fortune permet de continuer le chemin. Nous déjeunons dans un petit parc de Pamier. L’après-midi, le vent plus calme nous permet d’avancer. Nous dormons près de Foix sous la pluie.

« Mais là on n'est pas dans la vie normale, on est dans un monde parallèle » Anne-Sophie, Victor et moi philosophant sur le changement de rythme pendant les vacances où nous replions toutes nos affaires le matin avant de déjeuner alors que dans la « vraie vie » nous ferions tous l'inverse.


Dimanche 20 Juillet

Foix – Lavelanet – Montségur

Kms : 31 + 21.5

Temps de parcours : 2h + 1h30 (dont 20 min pour le retour)

Le ciel est chargé lorsque nous partons visiter Foix le matin. Nous quittons la petite ville par un col pour monter vers 500m. On entre pleinement dans le pays cathare à travers une petite route qui sillonne sur les débuts des Pyrénées. Nous arrivons avant midi au camping et nous déjeunons sous la pluie qui arrive.

Le temps étant plus clément, nous partons pour le château de Montségur perché à 1200 mètres d’altitude. Anne-Sophie, Christiane et John nous attendent au camping. Gérard en profite pour prendre Moustache. Après 8 kms de petites côtes et descentes, nous arrivons en bas du col où une pancarte nous indique 4 kms de montée à 9.5% de moyenne. Le temps couvert facilite l’ascension, chacun allant à son rythme. Gérard, Michel et François se relayent sur le vélo électrique tandis que Victor et moi montons à la force de nos jambes et de notre volonté. En haut du col, il nous reste encore 200 mètres de dénivelé pour arriver au château en ruine. Les pierres sont glissantes, le vent souffle fort et la brume est froide.
Après notre visite, nous retrouvons nos vélos sous une pluie battante qui ne permettra pas de savourer la descente. Nous arrivons au camping trempés, les chaussures imbibées d’eau ce qui ne promet pas une bonne journée le lendemain.
Mais la chance nous sourit car le gérant du camping nous offre de faire sécher nos chaussures durant la nuit.
Pendant notre visite, John n’a pas perdu de temps puisqu’il est allé pécher dans la rivière proche et nous ramène une truite. Nous dînons donc une bonne ratatouille et la truite que nous partageons en huit car nous n’avons pas réussi à faire la multiplication des poissons !

« C'était un mec bien Vauban, il pensait à ceux qui font du vélo » Michel qui préfèrerait visiter les fortifications de Vauban qui ne sont pas en altitude contrairement aux châteaux cathares.

Château de Montségur

Lundi 21 Juillet

Lavelanet – Axat 

Kms : 52

Temps de parcours : 3h20

Nous décampons le marabout sous une pluie battante, les campeurs voisins nous plaignant de devoir pédaler sous la pluie. Mais nous avons confiance : nous devons franchir 2 cols le matin pour atteindre Puivert et avec un peu de chance la pluie restera derrière nous. Le vent dans le dos facilite grandement les montées et comme promis, des éclaircies nous attendent à Puivert. Nous déjeunons à Quillan en essayant de nous abriter tant bien que mal sous les arbres car la pluie revient. Nous avons à peine terminé que le soleil fait son apparition.

Nous suivons la D117 qui nous mène jusqu’Axat en passant par le défilé de Pierre Lys où l’Aude coule en contrebas. Au-dessus de nous se dressent les monts rocheux des Pyrénées. Peu avant l’arrivée, un bar à bières belges nous invite à une pause : Westmalle Tripel, Chimey, Duvel sont fort agréables mais nous les regrettons vite en reprenant les vélos car les muscles protestent et les jambes sont raides. Un camping au milieu des pins dans la montagne nous invite à une soirée ensoleillée.



Mardi 22 Juillet

Axat – Saint Paul-de-Fenouillet - Peyrepertuse

Kms : 23 + 42 l’après-midi

Temps de parcours : 1h + longtemps

Anne-Sophie et John retournent vers Quillan le matin pour prendre le train, leurs vacances se terminant. Nous continuons notre route sur un beau faux plat descendant avec le vent de dos. Nous arrivons tôt au camping et partons sans nos bagages avant midi pour visiter le château de Peyrepertuse en passant par les gorges de Galamus. Une petite pause pique-nique au bord du ruisseau dans les gorges et nous enchaînons les montées pour aller au château.

En haut du donjon, nous avons une vue imprenable sur la chaîne des Pyrénées et on aperçoit au loin la mer. Nous retournons par le GR en marchant à côté des vélos, le chemin étant impraticable. Notre arrivée tard au village est récompensée par un petit dîner sur la place principale.

Gorges de Galamus        Peyrepertuse                sur le GR

Mercredi 23 Juillet

Saint Paul-de-Fenouillet – Tautavel –Tuchan 

Kms : 50

Temps de parcours : 2h30

Nous profitons de la matinée et partons tranquillement pour Tautavel et son musée de la préhistoire. L’après-midi, il fait chaud lorsque nous rejoignons Tuchan par une petite route qui grimpe.

« J’ai mangé une mouche » Michel


Jeudi 24 Juillet

Tuchan – Bizanet

Kms : 45 + 15

Temps de parcours : 2h30

Ces derniers jours, nous arrivons toujours très tôt au camping, cette étape n’est pas différente : nous descendons vers la mer et nous roulons à bonne allure. Le camping nous offre de nous poser un peu avec de l’eau fraiche à notre arrivée avant de chercher l’emplacement. Il fait une chaleur étouffante et le sol est très sec. Un petit plongeon dans la piscine nous rafraîchit avant de partir visiter l’ancienne abbaye cistercienne de Fontfroide.

Abbaye de Fontfroide

Vendredi 25 Juillet

Bizanet – Valras plage

Kms : 40

Temps de parcours : 2h30

Nous partons tard ce matin-là car un orage a éclaté durant la nuit et nous attendons la fin de la pluie. Nous quittons Bizanet pour rejoindre Narbonne où nous visitons la cathédrale, ou plus exactement le chœur de la cathédrale puisque le reste n’a jamais été construit. Le petit village de Fleury-sur-Aude nous accueille pour déjeuner et nous plongeons dans le monde occitan en discutant rugby à 13.

Nous allons rejoindre la côte et son flot de touristes, il s’agit de trouver un camping qui ne soit pas une usine. Le moyen est simple : on prend celui qui a le moins d’étoiles ! C’est donc un « petit » camping (selon les critères du coin : 200 emplacements) qui nous accueille. Les emplacements sont dans le sable, de quoi se faire un bon petit nid douillet ! Nous partons nous baigner dans la mer, un orage violent éclate au loin.
Le soir, nous faisons des parties folles de tarot où Michel et François ne cessent de s’appeler (et de gagner).

Cathédrale de Narbonne

Samedi 26 Juillet

Valras – Agde

Kms : 36

Temps de parcours : 2h

Nous empruntons la route pour revenir à Agde, ne souhaitant pas retrouver le canal. Les touristes enfermés dans leurs boîtes métalliques à moteur ne sont pas très contents de nous suivre malgré notre bon rythme. Ils sont pressés de rejoindre les bouchons ! Nous visitons le Grau d’Agde, suivi d’un plongeon dans la mer et de bonnes glaces. Nous allons ensuite découvrir la cathédrale St Etienne toute en pierres volcaniques du XIIème.

Le soir, les hommes s’attellent à démonter les vélos et à les mettre sur la galerie. L’aide de tous sera nécessaire pour la monter sur la voiture. Nous dînons un festin de fin de vacances : une dorade chacun accompagnée de pommes de terre et sauce à la rouille. Enfin, à la lumière des lampes, je prends ma revanche au tarot sur les frères V.



Dimanche 27 Juillet

Agde – Vosges

Nous déposons Victor à la gare avant de reprendre la route à 5 dans la voiture.